Une grande fête pour que les morts restent bien vivants…

Grâce à Coco, le fameux dessin animé, nous avions découvert la tradition mexicaine du « dia de los muertos ». Nous avons eu la chance de vivre ce moment fort dans la ville du Guanajuato, une extraordinaire cité minière située à quelques heures de route au nord de la capitale. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que nous avons été séduits par cette célébration haute en couleurs, qui réunit chaque année tous les mexicains et leurs proches disparus dans une ambiance festive…

Au cœur de la fête, le souvenir des morts

L’idée centrale est que les personnes décédées continuent à vivre aussi longtemps que l’on se souvient d’elles. Les familles se retrouvent donc au cimetière pour fleurir les tombes de leurs défunts et passer un moment auprès d’eux. Pour l’occasion, on leur amène en offrande ce qu’ils aimaient de leur vivant. Comme le bonheur passe souvent par l’estomac, il s’agit le plus souvent de bons petits plats ou d’une réplique de ceux-ci en pâte de sucre. Mais il arrive aussi qu’on leur offre un morceau de musique ou une chanson qu’ils aimaient particulièrement. On mandate alors un groupe de musiciens, les fameux Mariachis, pour venir jouer sur la tombe… Au final, les cimetières sont non seulement superbement décorés, mais également pleins de vie. Évidemment, la nostalgie des proches dont la mort nous a séparés est parfois vive, notamment autour des tombes d’enfants. Mais globalement, l’ambiance n’a rien de triste, les gamins jouent et rigolent pendant que les adultes bavardent ou pique-niquent, tout cela au son des guitares! Et une fois la nuit tombée, des milliers de bougies s’allument.

Une grande liesse populaire

En vue de ces célébrations, qui peuvent s’étendre sur une semaine entière, toutes les générations de la famille se réunissent dans leur lieu d’origine, là où sont enterrés leurs morts. Pour permettre ces grandes retrouvailles, les écoles prennent quelques jours de vacances, tandis que de nombreux expatriés reviennent au pays. Au total, des dizaines de millions de personnes se déplacent à travers l’ensemble du pays, avec tout ce que cela implique. Ainsi, durant les semaines précédant la fête, c’est l’effervescence. Lieux publics, restaurants et commerces installent de magnifiques décorations dans leurs vitrines et leurs cours intérieures, un peu comme nous le ferions pour la période de l’Avant. Mais ici, les sapins, les boules et les rennes sont remplacés des crânes et des squelettes, tandis que les couleurs dominantes sont l’orange, le violet et le noir plutôt que le rouge et or de Noël…

Entre cérémonies religieuses, créations artistiques et feux d’artifice

Dans les villes et les villages, d’innombrables événements publics sont organisés. Outre les messes, on joue de la musique dans les rues qui s’emplissent d’une multitude de guinguettes. De nombreuses personnes se maquillent pour l’occasion en Catrinas et en Catrin avant de défiler dans des cortèges qui n’ont de macabre que le nom… ce qui est assez logique puisque les morts sont censés être particulièrement heureux d’être ainsi à la fête! Une autre tradition à Guanajuato consiste à créer dans les rues de splendides tableaux en sable coloré et pétales de fleurs, autant de véritables œuvres d’art éphémères. Enfin, comme dans toute grande fête qui se respecte, on organise de somptueux feux d’artifice une fois la nuit tombée. 

Un bel apprentissage pour nous

Comme c’est le cas chez nous à Noël et à Pâques, le sens profond de la célébration peut sembler quelque peu travesti par l’importance commerciale de l’événement.  Malgré tout, en plus d’offrir aux vivants un temps privilégié de retrouvailles familiales, le jour des morts est profondément ancré dans la culture mexicaine et influence la relation de tout un peuple avec la mort. Une relation apaisée, dans laquelle on cultive le souvenir des morts en musique et en couleurs, dans la joie et dans la foi. Encore un bel apprentissage de plus pour nous!